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12 avril 2009

Grèce: retour sur les événements 3

4 La répression et la tactique du gouvernement bourgeois

 

On a souvent parlé dans la presse de la soi-disant retenue des forces policières face aux émeutes. Si effectivement, la police a tenté d'éviter les affrontements directs et si le gouvernement a peut-être espéré un temps que le vandalisme des éléments les moins contrôlés ne désolidarisent la population du mouvement étudiant, la répression n'a pas tardé de s'abattre, soit par de nombreuses arrestations, soit en utilisant de temps à autres les services d'organisations paramilitaires d'extrême-droite.

 

Très rapidement, le gouvernement a envisagé l'instauration de l'état d'urgence. Mais cette mesure, qui risquait de mener à un conflit plus général et servait plus les intérêts spécifiques de ce gouvernement décrédibilisé que celle de l'État bourgeois lui-même, a été refusée par l'opposition social-démocrate et les syndicats. Très vraisemblablement, la majorité de la bourgeoisie grecque et l'impérialisme n'en voulait pas, ou du moins pas encore.

 

Dès lors, la seule tactique laissée au gouvernement était de tenir jusqu'aux vacances d'hiver, espérant ainsi une démobilisation du mouvement étudiant. Cette tactique explique la très relative « modération » de la répression ouverte. Face au risque de son échec, les étudiants et lycéens scandant « Noël est reporté, la révolte non » aux premiers jours des congés, le gouvernement a joué de la menace: le 22 décembre, il se donne les moyens institutionnels d'une intervention sur les campus, au mépris de la tradition d'inviolabilité, tandis que des tirs inconnus sur une voiture de police le même jour lui donnent un alibi idéal.

 

Lorsque la mobilisation reprend en janvier, bien qu'affaiblie, la « retenue » policière a cessé: les manifestations sont réprimées violemment, on arrête les avocats et les journalistes.

 

Mais cette tactique aurait immanquablement échoué si le gouvernement n'avait su empêcher la jonction entre la révolte de la jeunesse et le mouvement ouvrier. Pour cela, il lui fallait l'appui inconditionnel de la gauche et des bureaucraties syndicales. Il l'a eu.

 

5 Le rôle des syndicats et des partis de gauche

 

Le parti social-démocrate grec, le Pasok, était déjà l'initiateur, sous le gouvernement Simitis , des nouveaux développements de la politique néo-libérale. C'était seulement sous la mobilisation des étudiants qu'il avait retiré son soutien initial au projet de réformes des universités du gouvernement  réactionnaire en 2006. Au plus fort des événements de décembre, deux importants représentants de ce parti appelle à un « gouvernement d'unité nationale », pour faire face à la banqueroute financière.

 

Quant au parti communiste grec (KKE), qui ne renie rien des crimes staliniens passés, il n'a cessé d'utiliser les « bonnes vieilles méthodes » de  calomnies face au mouvement de la jeunesse, traitant les manifestants d'hooligans, de trafiquants de drogue et d'agents de la CIA, refusant régulièrement de se joindre aux diverses manifestations.

 

Mais face au danger d'une jonction entre travailleurs et jeunesse, c'était au principal syndicat, le GSEE, que revenait le premier rôle dans la défense de l'État bourgeois.

 

Face à la montée du mécontentement social, les bureaucraties syndicales grecques avaient eu recours à la tactique universelle de diversion, la « grève générale d'un jour », pour tenter de ne pas perdre le contrôle, tout en interdisant toute lutte ouverte contre la politique du gouvernement. Ce que n'avait pas prévu la bureaucratie, c'est que le jour depuis longtemps fixé de cette grève, et de la manifestation nationale dans les rues d'Athènes, coïnciderait avec l'éclatement des émeutes. Ils s'empressèrent aussitôt d'annuler la manifestation qui devait passer dans les rues en proie aux émeutes, la remplaçant par un meeting de défense de la démocratie. Par la suite, ils refusèrent toute extension du mouvement, limitant les grèves à des mouvements sectoriels de quelques heures.

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