Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Divergence
Derniers commentaires
29 mars 2009

Survol de l'histoire du monde: 3 Propagation de l'agriculture


Introduction à la 1re partie

 Survol de l'histoire du monde 1:  Les chasseurs-cueilleurs

Survol de l'histoire du monde 2: Les sociétés villageoises

 


Dans un premier temps, l'augmentation des ressources due à l'agriculture va surtout multiplier l'homme. Entre – 10 000 et – 5000, on estime que la population mondiale a décuplé, allant de 5 à 50 millions. Cette croissance démographique va permettre aux sociétés agricoles de remplacer sur l'essentiel du globe les sociétés de chasseurs-cueilleurs, à partir des foyers d'origine.

Cela prend bien des formes. Le mode agricole initial, l'abattis-brûlis, conduit les premières sociétés agricoles à la colonisation et la transformation d'espaces boisés, jusqu'alors marginaux pour les sociétés prédatrices. Parfois l'on chasse les peuples de chasseurs-cueilleurs, parfois on les intègre à la structure villageoise. comme groupe spécialisé. Parfois, le groupe de chasseurs-cueilleurs, en contact avec des sociétés villageoises, adopte leurs techniques et leur mode de vie.

Avec la diffusion de l'agriculture, l'homme, espèce encore discrète sur la surface de la Terre qu'il peuplait en pointillés, commence à s'étendre en longues tâches de densité accrue sur d'immenses régions du globe. Lui qui jusqu'alors se promenait dans la nature comme dans un jardin dont il cueillait les fruits, lui laissant le soin de leur croissance, s'est immiscé lentement dans ce processus naturel pour l'orienter vers une finalité strictement humaine. Il ne se contente plus de se servir, comme les autres espèces. Il creuse, il bêche, il brûle, il sélectionne. Il n'est plus parmi la nature, il est la nature. Une nature nouvelle, car dotée d'une conscience. Suivons pas à pas ce lent étalement de cette nature nouvelle sur le globe.

Le foyer moyen-oriental diffuse ainsi au cours de siècles, vers l'est jusqu'à l'Asie du Sud-Est, où il rencontre la propagation du foyer chinois; vers  le sud à travers l'Afrique aux alentours du Ve millénaire avant notre ère; vers l'Afrique du Nord et enfin vers l'Europe. La propagation à travers l'Inde et l'Europe est peut-être l'œuvre d'un peuple ayant adopté l'agriculture en Asie mineure, les Indo-Européens.

En Amérique andine, la propagation est limitée par les Andes même, et par la forêt équatoriale. Le développement de l'agriculture entraîne dès lors un fort accroissement de la densité de population qui, d'après certains, en fait la zone la plus densément peuplée du globe à la fin du IIIe millénaire avant notre ère, avec la Chine du Nord.

Du moyen fleuve jaune, le Huang He, l'agriculture en Chine s'étend vers les basses vallées de ce fleuve et vers celui du fleuve bleu, le Yangzi Jiang, où elle s'enrichit de deux plantes, le soja et le riz, qui vont soutenir une croissance démographique unique, qui va faire de la Chine la région la plus peuplée au monde au cours des millénaires suivants. 

En Asie centrale, et dans certaines régions bordant les côtes et les fleuves du Proche-Orient, le mode  social propre aux villages agricoles rencontre un environnement plus favorable à l'élevage qu'à l'agriculture, donnant ainsi naissance à des civilisations nomades, qui vont surtout développer l'élevage des bovins, des camélidés et des chevaux, par quoi ils vont plus tard bouleverser les économies et les sociétés agricoles, développant le commerce et la guerre.

Dès cette époque et jusqu'au XXe siècle, les travailleurs agricoles constitueront la majeure partie de l'humanité. Dans ces premières sociétés agricoles, la structure sociale est encore relativement égalitaire. Il n'y a pas de propriété privée de la terre.

Si l'on en juge par les sociétés similaires survivantes, il s'agit, chaque année, de redistribuer les terres, selon les besoins et les forces disponibles. C'est une répartition par famille, par « foyer », ce qui peut donc déjà constituer un changement fondamental par rapport à la redistribution individuelle des sociétés prédatrices. Tout au plus est-il vraisemblable que le statut influe sur l'ordre de la distribution, et quand la qualité des terres est inégale, cette différence peut s'avérer décisive. C'est sans doute là, et dans l'articulation de cette différence avec le système lignagier et celui du don/contre-don qui structuraient les sociétés prédatrices, que va s'instituer une inégalité sociale.

A ce point de bifurcation, l'agriculture et ses puissances productives nouvelles, réalisées à travers le stockage, font vaciller l'organisation sociale qui fut celle des hommes durant des dizaines de millénaires. L'organisation sociale de l'humanité fait comme un faux pas, léger à l'origine, presque indistinct, propre à quelques rares sociétés villageoises. Ce faux pas va faire basculer l'histoire de l'humanité dans l'histoire de la lutte des classes.

Publicité
Commentaires
Divergence
Publicité
Newsletter
Divergence
Publicité