Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Divergence
Derniers commentaires
28 janvier 2009

Relance

Après une interruption imprévue due à des problèmes de santé, je recommence ici lentement...

Demain aura lieu une grande grève interprofessionnelle en France, mouvement qui sera très attentivement suivi non  seulement dans ce pays mais ailleurs en Europe. L'année qui commence risque bien d'être décisive pour l'avenir des luttes partout dans le monde, alors que les licenciements massifs se succèdent à un rythme accéléré, et que les gouvernements tentent des "plans de relance" sans beaucoup de conviction.

La peur de la colère ouvrière est par ailleurs palpable dans tous les rangs du pouvoir. Même si, ils le répètent, le risque actuel est plus d'une multiplication de conflits locaux et partiels que d'un véritable mouvement général.

La bourgeoisie, tout en préparant des séries de "réformes" visant à affaiblir les travailleurs et faciliter leur exploitation, est dans une situation assez attentiste, se sentant désarmée face à cette crise dont l'ampleur l'a pris de court, et face aux risques de mouvements sociaux importants. Nous sommes indéniablement entrés dans une période favorable à une offensive ouvrière. Mais l'absence d'une direction révolutionnaire claire risque de déboucher sur des échecs successifs.

A cet égard, la grève de demain résume toute l'ambiguïté de ces actions de "24 h": des actions qui, par leur inefficacité, risquent de décourager les travailleurs et renforcent ceux qui s'opposent aux luttes. Seule une grève générale illimitée, avec des revendications claires et radicales: fin des licenciements, expropriation des banques, contrôle ouvrier, etc.. appuyée sur une mobilisation unitaire de toutes les organisations de travailleurs et dirigées contre le gouvernement bourgeois pourra offrir de véritables perspectives.

Face au danger, le pouvoir tente de désarmer par tous les moyens l'opposition: la criminaliser par toutes sortes de poursuites judiciaires, lui ôter toute efficacité au nom du "public" grâce au fameux "service minimum". Mais surtout se servir de l'échec même du capitalisme pour réaffirmer sa légitimité absolue! Au nom d'un "réalisme" qui est avant tout invitation à la résignation, on invite à repousser à "plus tard" toute action revendicatrice: ce n'est pas le moment de faire la grève, déclarent les chiens de garde du capitalisme. C'est qu'ils ont parfaitement conscience que dans la situation présente, la simple défense des acquis minimums est une remise en cause implicite du système.

Plus que jamais, l'humanité est confrontée à l'alternative du socialisme ou de la barbarie capitaliste, cette dernière ayant à la fois le visage d'une exploitation accrue, des guerres contre les peuples et de la destruction peut-être irréversible de l'environnement.

La bourgeoisie a peur. Et comme tout animal pris au piège, elle s'agite en tout sens, prête à tout pour survivre. Les travailleurs doivent prendre cette peur pour ce qu'elle est: l'aveu par la bourgeoisie de sa faiblesse et de son impuissance, l'aveu que la force est du côté des travailleurs, et qu'ils doivent s'en servir pour mettre fin à l'exploitaiton capitaliste et instaurer une société juste et équilibrée. Le vrai réalisme, celui de l'espoir et non de la résignation, est de leur côté.

Publicité
Commentaires
C
Mon cher Démocrite,<br /> <br /> quel plaisir de vous retrouver aussi sur ce flanc de mes charperies! <br /> Et toujours aussi rigoureux dans le propos, qui ouvre sur bien des problèmes, auxquels je ne pourrai répondre ici que schématiquement.<br /> <br /> Pour les bourgeois et les ouvriers: <br /> Avant de nuancer, ceci: toute société jusqu'à nos jours a eu pour base la création de valeur matérielle, le travail productif.<br /> La société présente, le capitalisme, repose sur la séparation entre la possession des moyens de production collectifs(y compris sous leurs formes technologiques les plus avancées) par une petite minorité (aussi désincarnée soit-elle) et le seul recours, pour la majorité, à la vente de sa force de travail pour pouvoir survivre(et non pour s'enrichir).<br /> C'est ce rapport de production, et non la richesse, la croissance ou même l'injustice, qui ne sont que des conséquences de ce rapport, qui constitue le fondement de la société, et il est d'usage de qualifier de bourgeois ceux qui possèdent, fut-ce aujourd'hui à travers des actionnariats croisés qui rendent cette possession moins visible, les moyens de production collectifs, et d'ouvriers ou de travailleurs, ceux qui, en dernier ressort, sont réduits à vendre leur force de travail pour pouvoir survivre. <br /> Cette division de la production n'a pas fondamentalement changé depuis la fondation du capitalisme, et c'est elle qui en forgera le destin. <br /> Pour autant, les formes prises ont fortement évolué, et justifie que l'on réfléchisse sérieusement à ce que signifient aujourd'hui ces termes de bourgeois et d'ouvriers. <br /> Je suis d'autant moins insensible à vos réserves que, concernant ce qu'est la classe ouvrière, j'ai écrit un article dans les "FAQ", auquel je vous renvoie. Votre intervention me rappelle que je ferais bien d'en faire autant pour la bourgeoisie.<br /> <br /> Le marxisme ne s'occupe que de cela: comprendre le mécanisme fondamental, le rapport de production, et le changer. <br /> La question "éthique" de la richesse ne pourra être abordée qu'une fois résolu ce problème fondamental. L'éthique suppose un choix, or dans ce système, il n'y a pas de choix: l'enrichissement y est une nécessité, non une erreur. Un bourgeois (ou ses représentants) qui cesserait de faire du profit serait rapidement ruiné. L'éthique, dans la société actuelle, n'est là que comme moyen de justification a posteriori des actes, non comme déterminant.<br /> <br /> Un programme politique ne saurait définir ce que pourra être le libre développement de l'individu à travers un travail créateur. Il ne s'agit que de donner les bases matérielles de ce développement. <br /> <br /> Je n'ai pas le temps ce soir de répondre à la 2e partie de votre intervention. Je comptais de toute manière revenir rapidement sur la question de la décroissance, et votre intervention m'y encourage.<br /> <br /> Merci en tout cas de votre passage, et à bientôt, ici ou ailleurs!
D
Ha mon cher Charp,<br /> C'est un plaisir de te lire avec cette tonalité gaillarde (comme on dit en Béarn) et remontée ! Je partage pour l'essentiel ton propos sur le plan de la sensibilité avec néanmoins de la prudence et des questions sur le fond. <br /> Le terme "bourgeois" me paraît aujourd'hui inadapté pour rendre compte du visage quasi-désincarné des possédants, c'est-à-dire du capital usant des technosciences et de la mondialisation numérique pour se reproduire et se dé-situer ou se délocaliser. Le pouvoir des actionnaires est devenu le pouvoir des invisibles !Ce n'est plus celui des bourgeois installés et assignables (secrets bancaires, industriel, financier etc). De même, le travailleur pauvre n'est plus seulement l'ouvrier sauf à le considérer comme "celui qui met en oeuvre". C'est aussi l'infirmière, le technicien, le caissier, le commercial soumis à des pressions insoutenables etc.<br /> <br /> L'injustice n'est pas seulement un problème de redistribution de la richesse ou un problème d'ordre économique. C'est aussi un problème éthique. Qu'est-ce que la richesse ? Ne peut-on concevoir une authentique éthique de la pauvreté dans un rapport conscient et éclairé aux besoins réels de l'humain ?<br /> J'approuve le socialisme comme contestation du capitalisme (comme révélateur de l'aliénation économique)et je m'en inquiète dans le même temps quant à son passage sur le terrain politique. Pour quel usage et quelles pratiques ? sil le socialisme considère que la valeur n'est pas dans la richesse matérielle et dans la seule idée d'une redistribution comptable mais dans le processus de création lui-même à travers lequel l'homme se découvre sujet et auteur alors je ne suis pas sûr que l'oeuvre puisse faire l'objet d'un programme politique. C'est ce qu'avait bien compris Epicure qui articulait ethique et décroissance bien à l'abri de la chose politique, lieu de toutes les fureurs et de toutes les vanités.<br /> En clair, il ne faudrait pas qu'un socialisme de masse se propose de sortir l'homme de sa misère matérielle sur la base du ressentiment au nom d'une justice introuvable dans le réel, ce ressentiment basé sur "la haine du bourgeois" ou "la haine du noble" qui conduisit à fin du XVIII siècle la révolution française à la terreur et à des processus d'épuration. De quelle justice faut-il parler sur le terrain politique ? La redistribution de la richesse pourrait bien se faire sous la forme d'un capitalisme inversé : produire non pour soi mais pour la société humaine dans sa totalité sans remettre en question l'idée ridicule d'une croissance infinie.<br /> "Plaisante justice qu'une rivière borne" écrivait Pascal, "vérité de ce côté-ci des Pyrénées, erreur au-delà".<br /> Cela dit, une révolution (au sens quasi astronomique) paraît nécessaire et urgente pour la création d'un système plus équilibré avec un centre qui serait non pas l'économie au sens d'une science des lois de l'échange marchand mais d'une gestion(nomos) ou d'une règle domestique (oikos), considérant la terre comme la seule et unique demeure, ce qui assure le fait que nous demeurions vivant dans un monde habitable. Dans cette perspective, le référent n'est ni le social (isme), ni le capital(isme)mais la planète devenue maison. Pas d'éco-nomie sans éco-logie ! <br /> Mais comme disait Marx, "la force du capitalisme est qu'il est désirable". Si l'homme supporte difficilement l'injustice (qui consiste à être privé de), il tolère aisément son enrichissement personnel (les travailleurs ont voté massivement pour le "travailler plus pour gagner plus). Tel est peut-être le drame de l'humain dans son rapport aux désirs non naturels et non nécessaires.
Divergence
Publicité
Newsletter
Divergence
Publicité